Ceci est un hommage à Guy Béart...
Mais non, rhô...On a les références qu'on peut ! (Non mais c'est pas obligé de l'écouter, hein)
J’aime bien les phrases empruntes de sagesse transmises par mes aînées, à méditer de temps à autre et vers lesquelles je tends. Celle que j’essaie de suivre en préparation à la naissance est la suivante :
J’aime bien les phrases empruntes de sagesse transmises par mes aînées, à méditer de temps à autre et vers lesquelles je tends. Celle que j’essaie de suivre en préparation à la naissance est la suivante :
« Je ne suis pas là pour vous préserver de la réalité, mais pour vous aider à vous y
préparer »
Dans le même
ordre d’idée :
« Nous ne sommes pas là pour rassurer les femmes à tout prix mais
pour leur permettre de trouver leur réassurance »
Alors ce jour-là, plutôt que de
nier l’évidence devant ses inquiétudes sur son ventre peu rebondi, il m’a
semblé bien plus honnête de lui confirmer qu’elle était menue pour le terme.
Oui, elle
avait raison, son ventre était petit. Et surtout, oui, elle avait eu bien raison
de me faire part de ce doute. Mais son
suivi était régulier et les échographies tout à fait rassurantes. Et puis les
bébés n’ont pas leur pareil pour se mettre dans d’étonnantes positions mettant
à mal les yeux les plus expérimentés. Sans parler de sa tonique sangle abdominale
à la hauteur de sa passion pour le sport.
D’ailleurs
ce petit devait avoir hérité de sa mère aux vues de la vigueur bien rassurante
de ses mouvements !
C’est quelques temps plus tard
que j’apprendrais à quel point mes paroles l’avaient ébranlée. Là où les autres
la rassuraient, quelle idée avais-je eu de lui dire que moi aussi, professionnelle
et donc en position d’autorité et de savoir, j’avais remarqué ses formes encore
peu épanouies ?!
Nous ne nous
verrions plus, elle avait trouvé une autre sage-femme bien plus apaisante.
J’avais voulu écouter sa crainte, valider ce qu’elle avait bien vu et lui confirmer qu’elle pouvait avoir confiance dans son ressenti. Puis lui montrer les signes sur lesquels s’appuyer pour se tranquilliser : « Oui, votre ventre est petit, mais nous avons des tas d’éléments qui nous disent que ce n’est pas en lien avec un quelconque problème ».
Je trouvais
ça bien plus respectueux et constructif que de balayer d’un geste son ressenti
en lui faisant comprendre qu’elle avait tort de s’interroger puisque tout
le monde lui disait que tout allait bien : « Mais non il n’est pas petit
votre ventre. Vous vous inquiétez pour rien. Et puis ça vous fera ça de moins à
perdre et tant mieux si votre bébé est petit, il passera plus
facilement ! ». Clin d’œil appuyé.
Mais voilà, j’étais tombé à
côté.
Cette histoire m’a longtemps
interrogée. Je me disais que j’aurais du comprendre qu’elle avait besoin d’être
cocoonée et pas d’être mise face à la réalité. Et puis il y avait des liens
avec son histoire, manifestement.
Et puis plus j’y réfléchis, plus
je me dis que je n’aurais pas pu. Parce que ce n’est pas moi et ce n’est pas ma
façon d’être sage-femme. Amener un couple à faire des choix et prendre des
responsabilités des parents est pour moi antinomique avec l’idée de les mettre
dans une bulle d’infantilisation pour les préserver.
C’est une rencontre qui n’a pas
pu aboutir. Elle a trouvé une autre sage-femme qui correspondait plus à ses
besoins de ce moment-là et tant mieux si elle a osé ne pas rester par pure politesse
envers moi.
Mon égo y a pris un coup sur le
moment mais aujourd’hui, après des années de réflexions, je me dis que si la
même femme venait me voir aujourd’hui…je lui dirais la même chose !